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La droite souhaite que les bénéfices de la Ville profitent aux contribuables

Les comptes communaux de Fribourg, qui affichent un excédent de recettes de 24 millions de francs pour 2022, ont été logiquement adoptés par une large majorité du Conseil général mardi soir. Avec tout de même 8 abstentions. Sans surprise d’ailleurs puisque le groupe PLR a d’emblée annoncé qu’il s’abstiendrait lors du vote, en demandant au passage une baisse d’impôts limitée dans le temps (de 2024 à 2026), soutenue par toute la droite. A gauche, on s’oppose à cette idée. «En ces temps incertains (Ndlr: malgré plus de 160 millions de bénéfices en neuf ans), la Ville de Fribourg doit rester prudente mais ambitieuse», estime le PS. Présenter un bénéfice de 24 millions alors que le budget 2022 prévoyait un déficit de 3 millions, cela a évidemment suscité pas mal de questions au sein du Conseil général, présidé pour la première fois par la socialiste Sonja Gerber. Les plus nombreuses sont venues des rangs du PLR lors des débats préliminaires, par la voix du chef de groupe David Krienbühl, membre par ailleurs de la commission financière, qui ne peut s’empêcher de s’interroger après avoir découvert pour la deuxième année consécutive un bénéfice «stratosphérique» lors du bouclement des comptes communaux et surtout un écart de 27 millions par rapport au budget: «A quoi ça sert de faire un budget? A quoi ça sert de prendre autant de temps au sein des différents dicastères pour établir un budget? A quoi sert la commission financière? A quoi sert le Conseil général?» s'est-il interrogé lors de son intervention en plénum. Une baisse du taux d’impôt sur trois ans est proposée par la droite

En d’autres termes plus caustiques, l’humoriste Lord Betterave se demandait récemment dans une chronique sur Radio Fribourg à quoi bon filer un salaire à un chef des finances – «un certain Laurent D pour garantir son anonymat» – pour qu’il se trompe au final de 27 millions, «heureusement dans le bon sens», lors de ses prévisions pour l’année 2022. «Si on avait demandé une estimation à une roulette de casino de 36 numéros, elle aurait eu plus de chance de tomber juste», rigole-t-il. Avant de proposer de répartir toutes ces thunes entre les 40'000 habitants de la Ville: «600 francs par personne, cela fait déjà une jolie volée au Crapule», s’amuse Lord Betterave qui suggère encore de compléter la forme du Théâtre Equilibre ou réparer la Fontaine à Tinguely avec tout cet argent qui tombe quasiment du ciel .

Plus sérieusement, le PLR – soutenu en l’occurrence par Le Centre/PVL et l’UDC – propose quant à lui une baisse des impôts sur une période limitée, de 2024 à 2026, pour les personnes physiques et morales ou, si l’on traduit en langage populaire, pour les particuliers et les entreprises. «Un coefficient à 0,77, au lieu de 0,8 actuellement, pourrait aisément être envisagé durant cette période de trois ans. Ensuite, il devrait y avoir une analyse à faire notamment en lien avec les investissements liants des différents plans d’agglomération qui pourrait être potentiellement concentrés autour de 2028», précise David Krienbühl. En septembre, les trois groupes de droite représentés au parlement communal devraient donc déposer des propositions allant dans ce sens.

«Nous devons rester prudents mais ambitieux», estime le PS

A gauche, cet avis n’est évidemment pas partagé. Au nom du groupe PS, Samuel Jordan a même anticipé l’effet d’annonce de son collègue libéral-radical en soulignant lors de son intervention qu’il ne «fallait pas céder à la facilité d’une baisse d’impôts» en cette période où «la situation financière reste préoccupante» et où la Ville de Fribourg reste dans la moyenne cantonale du taux d’imposition qui, selon les calculs du socialiste, est de 79,7 points par rapport à l'impôt cantonal (Fribourg étant, pour rappel, à actuellement à 80 points).

Elu de gauche lui aussi, Maurice Page se demande quand même comment on peut justifier auprès des contribuables des résultats aussi exceptionnels. Aux yeux de l’élu du Centre gauche-PCS, une baisse d’impôts n’est pourtant pas la solution. «Il faudrait plutôt investir de façon ciblée dans les accueils extrascolaires et la mobilité douce par exemple dans le cadre du prochain budget», imagine-t-il. Cela dit, pour lui, «le fait qu’on n’utilise qu’un tiers des montants planifiés dans le budget des investissements est carrément choquant». Et de s’interroger: «Comment sortir de ce retard chronique en la matière?»

De l’avis de Pascal Wicht, chef du groupe UDC, «il est important désormais de mieux maîtriser les charges et d’investir en revanche là où c’est nécessaire. Comme dans le projet de piscine, tant attendu, et qui a pourtant étonnamment disparu du dernier plan financier de la Ville de Fribourg». A droite comme à gauche, plusieurs élus qui «restent sur leur faim» attendent donc avec impatience le bilan de mi-législature promis par le Conseil communal. «Nous manquons en effet d’informations sur la santé économique de la commune», regrette entre autres Océane Gex (PLR).


«Le 80% des rentrées fiscales en ce qui concerne les personnes morales est par ailleurs amené par six grandes entreprises, dont une a annoncé son prochain départ de Fribourg, et il faut donc rester prudent mais ambitieux quand même», prévient Samuel Jordan. Sans préciser que «l’écart entre le budget et les comptes 2022 est de 18 millions concernant les rentrées fiscales des entreprises», selon les chiffres avancés par Pascal Wicht. Ce qui fait dire à David Krienbühl qu’«il faut absolument renforcer le contact direct avec nos gros contributeurs au niveau des personnes morales pour pouvoir mieux anticiper et planifier les finances communales».

Les charges doivent être mieux maîtrisées et les investissements utilisés Le surprenant bénéfice de la Ville de Fribourg en 2022 fait en outre oublier parfois que les charges augmentent sensiblement. «Elles ont fait un bond de plus de 17,7 millions de francs en quatre ans alors que la Ville a perdu 439 habitants durant la même période», relève David Krienbühl. A elles seules, les charges liées au personnel communal ont enregistré une hausse de 8 millions en quatre ans. «Par rapport aux comptes 2021, c’est une augmentation de 3,1% alors que le Conseil communal l’avait plafonnée à 1% par année dans son plan financier», rappelle le chef de groupe du PLR.

Pour Isabelle Sob (Le Centre/PVL), la mission d’un exécutif est d’atteindre un équilibre entre les charges et les revenus. A ses yeux, cette situation financière que le Conseil communal qualifie de «plus saine jamais connue» est à la limite de la légalité. «Une baisse d’impôts avec un volet social sera donc demandée par notre groupe», annonce-t-elle, non sans rappeler que le taux d’impôt de la Ville est sans doute l’un des principaux facteurs de «l’échec cuisant» de la fusion du Grand Fribourg. «En ce qui concerne le budget des investissements, il serait temps par ailleurs de passer enfin des crédits d’engagement aux réalisations.»


Aligner les bénéfices ne suffit plus. Ni même présenter un rapport de gestion certes loué pour ses qualités graphiques, sa lisibilité et le fait qu'il ait été ramené à 66 pages. «Il serait judicieux d'y indiquer par exemple où en est la Ville au niveau de l'endettement, s'inquiète Alexandre Sacerdoti (Le Centre/PVL). Une de nos priorités reste en effet de réduire le montant de la dette par habitant.»

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