top of page

Pont de Pérolles: un «vieux rêve» devenu enfin réalité il y a 100 ans

Dernière mise à jour : 22 nov. 2022

Le centenaire du pont de Pérolles a été célébré ce 19 novembre lors d’une cérémonie officielle organisée par la Société de développement de Marly et environs. En un siècle, cet ouvrage en béton a fortement marqué le développement de la région de Fribourg.

«Messeigneurs, chers concitoyens, depuis plus d’un demi-siècle, le pays de Fribourg attend le pont de Pérolles. L’heure a maintenant sonné où nous pouvons lui remettre cet ouvrage qui, j’en suis sûr, contribuera à sa prospérité et à son progrès économique et social.» C’est par ces mots que Victor Buchs, président du Conseil d’Etat de l’époque, a entamé son discours le 9 décembre 1922 lors de l’inauguration du pont de Pérolles.

«A l'époque de son inauguration, en 1922, le pont de Pérolles était le plus long de Suisse avec quelque 555 mètres», a rappelé le conseiller d'Etat Jean-François Steiert, en charge de la mobilité lors de la partie officielle de samedi à Marly.

«La plaquette publiée à cette occasion évoquait un ouvrage colossal», a relevé le conseiller d’Etat Jean-François Steiert, samedi, lors de la partie officielle du 100e anniversaire. Il faut dire que, lors de sa mise en service, le pont de Pérolles était le plus long de Suisse avec ses quelque 555 mètres. «Cet ouvrage a surtout longtemps été un rêve pour tous ceux qui devaient faire un long détour pour se rendre en ville depuis la rive droite de la Sarine, en provenance de Bulle ou de la Haute-Singine», rappelle le Directeur du développement territorial, des infrastructures, de la mobilité et de l’environnement (DIME).

Le pont devait être ferroviaire plutôt que routier

Mais voilà, même s’ils sont «importants parce qu’ils rapprochent les gens», les ponts coûtent chers et, comme cela a été le cas pour le pont de la Poya, il faut souvent beaucoup de temps pour se décider à les construire. Des questions de fiscalité et de répartition des charges ont notamment freiné le projet. «Ainsi, soixante ans passent entre les premières revendications et la réalisation du pont de Pérolles, rappelle le conseiller d’Etat. Vers la fin du 19e et au début du 20e siècle, ce besoin est devenu de plus en plus pressant. Il y eut des pétitions de communes, des demandes du Grand Conseil et diverses décisions du Conseil d'Etat. Fin 1913, un décret du gouvernement est adopté pour la construction d’un pont, mais le projet sera bloqué par la Première Guerre mondiale.»

Construction du pont de Pérolles, assemblage des échafaudages. © BCUF, Fonds Ernest Lorson

Lors du concours d’idées, en 1908, il était d’abord question d’un un pont ferroviaire vers Bulle, via La Roche, et Planfayon. Lorsque la construction du pont a pu débuter fin 1919 – après la Première Guerre mondiale – le projet ferroviaire n'était pas encore mûr. La décision du Grand Conseil pour la construction du pont prévoyait donc la construction d'un pont routier, en attendant l'établissement de la voie ferrée. «Avant de pouvoir lancer le chantier (qui a coûté 4 millions de francs à l'époque), les autorités doivent promettre la construction du pont de Zähringen, raconte Jean-François Steiert. Les commerçants du centre craignent déjà que «les affaires» se déplacent vers Pérolles. Le jour de l’inauguration du pont de Pérolles, pour rassurer tout le monde, on bénit la première pierre du pont de Zähringen.» Cet ouvrage destiné à remplacer le grand pont suspendu datant de 1834 a été construit sur le même modèle que le pont de Pérolles, en arc et béton, pour remplacer le grand pont suspendu datant de 1834 et avec les mêmes cintres et la même charpente.


Un élargissement en 1997 qui a ouvert les esprits


Le 9 décembre 1922, un grand cortège part ensuite du quartier du Bourg, en direction du pont de Pérolles, avant de revenir non loin de la cathédrale Saint-Nicolas où la Landwehr, musique officielle de l'Etat et de la Ville de Fribourg, se produit en concert. «A l’époque, la teneur fortement religieuse de cette inauguration menée par l'évêque du diocèse n’est pas du goût des socialistes qui boycottent carrément la fête. Tel n’est plus le cas aujourd’hui où les autorités sont un peu plus équilibrées et j'en veux pour preuve que je suis là», plaisante le syndic de Fribourg Thierry Steiert, lui-même membre du PS.


Symboliquement, ce dernier se demande si les travaux d’élargissement menés sur le pont de Pérolles entre 1995 et 1997, portant sa largeur de 12 m à 18,5 m, n’ont pas «favorisé une plus grande ouverture d’esprit de Marly. «C’est l’une des trois seules communes avec Fribourg et Belfaux, sur les neuf consultées, à avoir accepté le principe d’une fusion du Grand Fribourg en septembre 2021, note-t-il. L'action de jeter un pont, c'est la volonté de franchir un obstacle.»

De gauche à droite: les syndics de Marly et de Fribourg, Christophe Maillard et Thierry Steiert, ont relevé tous deux que la construction du pont de Pérolles avait facilité les collaborations de part et d'autre de la Sarine.


Son homologue de Marly, Christophe Maillard, admet que l’ouvrage centenaire a beaucoup apporté aux populations vivant de part et d’autre de la Sarine en leur évitant de longs détours par Bourguillon et Lorette. «La construction du pont de Pérolles a ouvert une grande porte vers et depuis la ville de Fribourg. Elle a aussi facilité des collaborations mis en place au fil des 100 ans qui se sont écoulés, avec souvent beaucoup de patience et de persévérance, souligne le syndic marlinois. Dans ce contexte, l’élargissement du pont réalisé en 1997 a encore contribué à l’amélioration de la circulation en général et particulièrement de la mobilité douce. Il a aussi peut-être contribué à une meilleure compréhension entre les gens de la ville et ceux des campagnes environnantes. »


Le trafic motorisé a baissé de moitié depuis les années 90


Lorsque cet impressionnant pont a été mis en service en 1922, il a été utilisé en premier lieu par des piétons, des chariots, des charrettes et des vélos, les véhicules à moteur étant encore rares à l'époque. Selon l’annuaire statistique, mentionné par Jean-François Steiert, «le canton de Fribourg comptait 580 voitures, 158 camions, 417 motos et 79 motos avec side-car. Dans toute la Suisse, il n'y avait alors que 35’000 véhicules à moteur. Les vélos étaient dix fois plus nombreux. Les comptages de trafic de l'époque mettent en évidence que les trois quarts de tous les mouvements de trafic sur le pont de Pérolles étaient dus aux vélos.

Durant les ttravaux d'élargissement du pont de Pérolles, entre 1995 et 1997, un pont provisoire a été aménagé.

Dès les années 50, la voiture se hisse au premier plan. En 1995, le pont doit donc été élargi afin de redonner de la place aux vélos, aux bus et aux piétons. Désormais, le pont fait partie du réseau de mobilité douce TransAgglo avec deux bandes cyclables et un trottoir à disposition. De plus, cinq lignes de bus l’utilisent quotidiennement. Le nombre de véhicules motorisés qui traversent le pont a quant à lui presque diminué de moitié depuis les années 90. En moyenne, aujourd’hui, ils sont 12'652 à le franchir chaque jour.


Le passage d’une ligne de tram ou de train n’est pas exclu


De l’avis de Jean-François Steiert, célébrer ce centenaire est une très bonne idée «Ce pont montre notamment d’une manière assez exemplaire que l’histoire, et tout particulièrement celle de la mobilité, a quelque chose d’assez cyclique», a-t-il souligné. Au printemps 2021, un postulat a été déposé au Grand Conseil demandant une ligne ferroviaire directe Fribourg-Marly-Bulle. Le Conseil d'Etat a déclaré le postulat recevable. Dans le cadre de la stratégie cantonale de développement ferroviaire pour 2040-2050, le gouvernement étudie une ligne ferroviaire entre Fribourg et Bulle plus directe que l'actuelle.


«Il n'est donc pas exclu qu'une ligne ferroviaire passe un jour par le pont de Pérolles», pronostique Jean-François Steiert. «Cela dit, la plupart d’entre nous se déplacera en tintébin le jour où ce projet se concrétisera.» Personnellement le conseiller d’Etat en charge de la mobilité imagine plutôt le passage de la ligne de tram projetée de la gare vers Marly avec une boucle également de l’autre côté de la ville de Fribourg. «Les charges d’un tram sont supportables pour le pont de Pérolles alors que pour un train il faudrait prévoir un deuxième ouvrage», explique-t-il


Les entrailles du pont ont pu être visitées


Dans la plaquette commémorative du pont de Pérolles, en décembre 1922, on pouvait lire que ses arches évoquent les pas d’un géant et qu’un homme semble aussi petit qu’une fourmi à côté de l’un de ses piliers. «On pourrait même aisément aménager des salles spacieuses dans les espaces vides à l’intérieur de l’ouvrage», imaginait l’auteur qui faisait sans doute allusion au projet déposé par l’un des architectes lors du concours d’idées. Resté anonyme, ce candidat avait fait sensation dans la presse en proposant, sans succès, que cet ouvrage soit habitable (voir plan ci-dessous) – à noter que cette idée est revenue sur le tapis en 2014 à propos du pont de Zähringen.

Samedi, le public a pu juger par lui-même de l’immensité de l’intérieur du pont de Pérolles. Des visites guidées ont exceptionnellement permis au public de découvrir les entrailles de la structure en béton sous la conduite d’employés du Service des ponts et chaussées (SPC) de l’Etat de Fribourg. Outre une exposition illustrant les étapes clés de la construction du pont, le programme de cette fête d’anniversaire comprenait aussi des démonstrations de grimpe effectuées par le CAS Moléson sur le site d'escalade aménagé par étapes, depuis 2002, sur certains piliers de l’ouvrage.

 
 

Cliquez sur une photo de la galerie pour l'agrandir


Comments

Rated 0 out of 5 stars.
No ratings yet

Add a rating
bottom of page