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Pourquoi le patrimoine médiéval de la ville de Fribourg a été si bien préservé

Dernière mise à jour : 14 avr. 2023

VU AILLEURS Parce que les médias extérieurs à notre ville et à notre région s’y intéressent aussi, nous vous proposerons régulièrement à l’enseigne de cette nouvelle rubrique des résumés d’articles ou d’émissions qui ont retenu notre attention et qui pourraient mériter la vôtre. La revue «Passé simple» inaugure ce premier «Fribourg vu ailleurs». Dans sa dernière édition, elle publiait en effet un éclairage titré: «La conservation miraculeuse de la ville des Zaehringen.»

«Passé simple», le mensuel romand d'histoire et d'archéologie édité à Moudon, explique sur trois pages joliment illustrées pourquoi le centre historique de Fribourg est si remarquablement conservé en comparaison d’autres villes romandes. Le sous-titre de l’article, signé Laurent Mauron, le résume d’emblée: «Le centre économique de Fribourg se déplace vers la gare dans la seconde moitié du XIXe siècle. La promotion immobilière épargne ainsi la vieille ville appauvrie.» Pour preuve: entre 1825 et 1972 la surface construite n’y a pas augmenté. Comme le souligne l’auteur du texte, cette préservation ne procède pas d’une gestion volontaire du patrimoine bâti mais de l’évolution du trafic qui déplace le poumon économique et commercial de Fribourg vers les hauts de la ville où la gare est créée en 1862: «Depuis la seconde moitié du XIXe siècle, les vieux quartiers abritent une population précarisée qui s’y entasse. Personne n’investit dans la construction de nouveaux immeubles. Ainsi, les maisons médiévales de la vieille ville échappent à la destruction.» Par chance, les grandes zones commerciales ne se sont pas installées dans les parties les plus anciennes de la ville. Elles se sont d’abord développées autour de la gare, en direction du boulevard de Pérolles et de la rue de Romont, puis hors de la cité. Patrimoine épargné par le boom spéculatif d’après-guerre

«Paradoxalement, c’est la pauvreté de la cité qui a permis de préserver le construit médiéval», soulignait Gérard Bourgarel le 3 janvier 2005 dans le quotidien «Le Temps» en marge des 40 ans du mouvement Pro Fribourg, une association de défense du patrimoine dont il a été le fondateur et un infatigable pilier jusqu’à son décès en 2012. «Dans les années d’après-guerre, un boom spéculatif a saisi l’Europe et les vieux quartiers des villes ont alors beaucoup souffert de cette pression. J’ai ainsi participé à la défense du quartier du Molard à Genève. Avec peu de succès à la clé, racontait Gérard Bourgarel. Puis, lors de mes voyages, j’ai découvert une vieille ville de Fribourg très bien conservée et animée. Avec des amis, nous avons décidé de faire quelque chose afin de préserver le site mais également de défendre ses habitants et la vie de quartier.»

Dans les années 1960, après des décennies de répit, le patrimoine médiéval est en effet menacé en raison de la spéculation immobilière qui a cours et de l’émigration des habitants de la Basse-Ville vers la périphérie, notamment dans des immeubles modernes à loyers modérés du Schoenberg et de Torry, nous rappelle le mensuel «Passé simple» En vieille ville, «une population estudiantine et des saisonniers prennent leur place. Alors les milieux de défense du patrimoine tirent la sonnette d’alarme, estimant que la disparition d’une population stable menace la préservation des lieux.» Choqué par un projet de démolition d’un bâtiment dans le quartier du Bourg, qui devait faire place à la Chancellerie d’Etat, Gérard Bourgarel mobilise à cette époque plusieurs personnalités pour empêcher la nouvelle construction. Avec succès cette fois-ci. Pro Fribourg était lancé. Carte de visite du Fribourg touristique Dans les années 63-64, le premier acte du mouvement a été une vaste enquête participative entreprise auprès des habitants. Avec comme premier résultat concret, la création d’une ligne de bus reliant la basse-ville au haut de la cité. «Reconnus comme patrimoine culturel, les bâtiments médiévaux sont réhabilités grâce à une politique de rénovation respectueuse, à un dispositif juridique et à l’octroi de crédits, écrit Laurent Mauron dans le dernier «Passé simple». L’identité de la vieille ville se consolide notamment autour du carnaval des Bolzes et du Hockey Club Fribourg-Gottéron.» En 2005, toujours dans «Le Temps», Gérard Bourgarel expliquait ainsi que depuis les années 1960, la population avait certes changé en vieille ville de Fribourg. «Elle y est devenue plus bourgeoise, admettait-il. Malgré tout, Fribourg possède encore une vieille ville vivante.»

Presqu’île enserrée par les méandres de la Sarine, le quartier de l’Auge, dans la Basse-Ville, sert aussi aujourd’hui de carte de visite au Fribourg touristique. «Sacrée revanche sur le destin pour cet ancien fief d’ouvriers et de petits artisans, que la bonne société fribourgeoise taxait péjorativement de «bas-quartier» il n’y a pas si longtemps encore», analysait Serge Gumy, actuel directeur de St-Paul Médias SA, dans son mémoire de licence «L’Auge au XXe siècle: du bas-quartier à la vieille ville de Fribourg», réalisé sous la direction du professeur Francis Python (Academic Press Fribourg, 1997). Son auteur y retrace notamment «la lente émergence dans le quartier de l’Auge, jadis populaire et mal famé, d’une sensibilité au patrimoine qui amènera, dès les années soixante, à une importante restauration d’un secteur de la ville en pleine évolution». Pour en savoir davantage sur ce même sujet, «Passé simple» propose également à ses lecteurs de consulter un second ouvrage: «Fribourg: une ville aux XIXe et XXe siècles», Jean-François Dessonaz et alii (Bourgeoisie de la Ville et Editions de la Sarine, 2007).

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